Après l’Aiguille d’Entrèves, en compagnie de Delphin et de notre guide Jean-Marc, nous quittons Courmayeur pour aller à Breuil-Cervinia, toujours dans la vallée d’Aoste. Nous prenons une remontée mécanique qui nous amène au Plateau Rosa, sur le domaine skiable du Cervin. À partir de là nous allons évoluer quelques jours entre la vallée d’Aoste italienne et le Valais suisse. Nous remontons le long des pistes pour aller à l’hôtel-refuge qui est sous le Petit Cervin (Klein Matterhorn) ; il n’y a qu’un peu plus de 300 m de dénivelé, mais je rame dans cette neige où on s’enfonce, et de plus je manque d’acclimatation à l’altitude. Bref c’est pas la forme ! L’hôtel se trouve à environ 3800 m, côté Suisse. Nous nous installons dans nos chambres, c’est plus confortable qu’un refuge ordinaire, il y a même des douches chaudes ! C’est du refuge suisse grand luxe, d’ailleurs les tarifs vont avec… Mais l’ambiance est un peu froide, je préfère la chaleur des refuges italiens. Dans la soirée pendant que mes acolytes se reposent, je traine dans l’hôtel et je remarque au bout du couloir une porte qui donne sur l’extérieur. Je vais faire un tour dehors et je rejoins un escalier en bois. Cet escalier qui monte me mène en une vingtaine de minutes au sommet du Petit Cervin (3883 m) où se trouve une plate-forme d’observation et une croix. Je suis seul ; je ne peux pas observer grand-chose, on est dans les nuages… Et comme il fait froid je redescend vite fait à l’hôtel.
Le lendemain, le temps s’est levé et il fait beau, dès la sortie de l’hôtel, nous nous équipons et nous partons vers les « jumeaux » : le Castor et le Pollux ; nous sommes à flanc de montagne, il y a peu de dénivelé. Nous arrivons au pied d’une paroi rocheuse, et c’est parti pour une belle escalade jusqu’à un replat où se trouve une statue de la Vierge. Il reste une arête en neige à remonter et nous sommes au sommet du Pollux (4092 m). Magnifique vue sur les 4000 du Valais, dont le Castor tout proche. Nous redescendons et nous dirigeons vers le 2ème objectif de la journée. Nous devons remonter la face Sud-Ouest du Castor, une longue pente en neige que nous remontons en zigzag ; par moments il y a des passages en glace, et c’est plutôt raide ; heureusement il y une trace ; la partie finale étant très raide après la rimaye, Jean-Marc grimpe seul et installe un relais sur l’arête où il est arrivé, pour nous assurer. Une fois sur l’arête, il suffit de la suivre… L’arête est fine, nous sommes sur le fil ou légèrement en contrebas, il y a du gaz ! Nous avançons avec prudence, tant la largeur de l’arête s’amenuise au fil de la progression. À un moment mon pied zippe dans la neige, mais je me rattrape tout de suite sur mon piolet… Delphin me jette un regard… Finalement nous atteignons le sommet du Castor (4228 m). C’est absolument somptueux. Comme je l’ai lu quelque part : « Ce que tu vis au sommet te change profondément et te devient indispensable. » Pour ma part c’est la 2ème fois que je suis ici, j’y étais venu en 2005, en plein brouillard. Pour redescendre, nous continuons sur l’arête qui nous fait passer par le Felikhorn (4086 m), déjà gravi aussi, puis c’est la descente jusqu’au refuge Quintino Sella (3585 m).
Le jour suivant pas de sommet, une bonne journée de rando nous fait descendre dans un vallon puis remonter jusqu’au refuge des Guides du Val d’Ayas (3420 m).
Le lendemain, dernier jour en haute montagne, Jean-Marc nous fait remonter vers le Breithorn, qui est à environ 700 m de dénivelé. Pas de grande difficulté, mais quand nous sommes sur l’ascension finale, Delphin montre des signes de fatigue, il veut arrêter là ; nous sommes proches du sommet mais il est cramé ! Avec Jean-Marc nous l’encourageons, il finit par repartir, et une bonne demi-heure après nous y sommes : le Breithorn Occidental (4165 m). En effet le Breithorn compte 5 sommets. C’est assez large au sommet, il y a un peu de monde, c’est un sommet « facile » et donc fréquenté. Nous avons une vue fabuleuse, avec le Cervin tout proche, véritable sentinelle omniprésente pendant ces quelques jours. Jean-Marc nous propose de redescendre vers le Breithorn Central ; Il faut suivre une arête, encore une ! Mais là c’est en descente et c’est plus délicat qu’en montée ! Nous sommes vraiment sur un fil, et il y a du gaz de part et d’autre… Je ne suis pas vraiment à l’aise, Delphin non plus, nous proposons un demi-tour… Avec beaucoup de précautions nous nous retournons et remontons, d’autres cordées au sommet sont prêtes à y aller, bon courage ! Finalement nous redescendons par la voie de montée et rejoignons les pistes de ski de la station du Cervin, puis plus bas la benne qui nous ramène dans la vallée, à Breuil-Cervinia, où nous faisons un bon petit gueuleton. Merci à toi Jean-Marc pour nous avoir guidé pendant ces 4 jours en ces hauts lieux !