Après les sommets du Kilimanjaro pour l’Afrique et de l’Elbrouz pour l’Europe, je me lance sur mon 3ème sommet du Challenge des Seven Summits (les sept sommets sont les montagnes les plus élevées de chacun des sept continents) : l’Aconcagua en Argentine qui culmine quand même à 6962 m ! L’Aconcagua est le plus haut sommet d’Amérique du Sud et même de toute l’Amérique, c’est également le plus haut sommet de l’hémisphère Sud et le plus haut sommet du monde hors Himalaya ! C’est avec l’agence Allibert que je me suis inscrit sur cette expédition dans les Andes. Nous sommes un groupe de 7 participants, avec pour guide Gregory qui a déjà gravi cette montagne, et Tamara, une guide chilienne. Nous allons progresser sur la Voie Normale, par le Nord-Ouest, qui n’est pas difficile techniquement. Toute la difficulté sera bien sûr au niveau de l’altitude, et dans les conditions météo qui peuvent être extrêmes, le vent, le froid… Avant cette ascension nous allons nous acclimater sur d’autres sommets au Chili. Voici l’itinéraire au jour le jour de cette expédition.
Jour 1 : vol Paris – Santiago du Chili, avec une correspondance à Sao Paulo au Brésil.
Jour 2 : arrivée à Santiago du Chili, repos à l’hôtel.
Jour 3 : transfert à la station de ski de La Parva, campement vers 3100 m. Mon compagnon de tente sera Patrick, un ultra-traileur de haut niveau. Nous allons bien sympathiser.
Jour 4 : marche de quelques heures, temps plutôt brumeux, nous passons un col et pendant une longue pause du groupe je grimpe en solo le Cerro Falsa Parva (3740 m) tout proche. Nous établissons un camp vers 3970 m dans un cadre minéral magnifique avec vue sur le Cerro Plomo qui culmine à 5424 m, qui était notre objectif au Chili, mais l’enneigement trop important nous contraint à changer nos plans.
Jour 5 : ascension du Cerro Pintor (4220 m) puis retour au camp. Avec certains membres du groupe nous gravissons le Cerro La Parva (4047 m) dont nous sommes très proches, notre campement en est au pied.
Jour 6 : ascension du Cerro Leonera (4954 m), j’arrive au sommet en compagnie de Tamara, Xavier et Olivier. Vue magnifique sur les Andes avec une météo de rêve.
Jour 7 : nous plions le camp et retour à Santiago.
Jour 8 : transfert en minibus pour Mendoza en Argentine. Nous traversons les Andes, passons la frontière et le tunnel qui marque le changement de versant. Peu après le poste de douane nous pouvons avoir un aperçu de l’Aconcagua. Après avoir obtenu – et payé – nos permis d’ascension pour l’Aconcagua, nous rejoignons notre hôtel à Mendoza.
Jour 9 : transfert en minibus pour le village de Puente del Inca à 2725 m, aux portes du Parc National de l’Aconcagua. Début du trek, le gros de nos affaires sont acheminés par des mules, nous entrons dans le Parc National et montons en 4 h jusqu’au camp Confluencia à 3360 m.
Jour 10 : journée d’acclimatation, nous allons en aller-retour à Plaza Francia à 4000 m, au pied de la face Sud, une muraille de 3000 m de haut, conquise par une expédition française en 1954. Cocorico !
Jour 11 : montée au camp de base de Plaza de Mulas à 4350 m. 7 à 8 heures de marche dans une vallée étrange et désertique (la fameuse Playa Ancha, de 12 km de long). Plaza de Mulas est un camp permanent, où il y a des gardes du Parc, des médecins, et un refuge.
Jour 12 : repos, balade jusqu’au refuge. Nous allons également faire des tests dans la tente médicale. Le soir surprise Xavier doit redescendre, il a un problème cardiaque, ce qui l’empêche de continuer, il nous quittera le lendemain.
Jour 13 : aller-retour en passant par le camp Canada 5050 m, jusqu’au camp de Cambio de Pendiente à 5450 m pour faire un portage et laisser des tentes et du matériel pour la suite. En fait notre campement sera un peu en-dessous de Nido de Condores qui est à 5570 m. Retour au camp de base à Plaza de Mulas. Deuxième surprise, Jean-François décide de nous quitter, changement de programme il va aller en Patagonie ! Nous ne comprenons pas ce revirement, mais c’est son choix.
Jour 14 : remontée jusqu’au camp de Cambio de Pendiente où nous installons notre campement pour y dormir.
Jour 15 : journée d’acclimatation, nous montons jusqu’à Nido de Condores puis continuons en direction de Camp Berlin, que nous n’atteignons pas, et redescente à Cambio de Pendiente. Gregory me propose de remonter dormir à Nido de Condores pour avoir un peu moins de dénivelé pour le lendemain, où Tamara est avec une autre expé. J’y vais et je me retrouve à dormir dans une mini tente avec une autre personne.
Jour 16 : Jour J ! Réveil vers 2 h du matin et départ très matinal avec le reste du groupe qui m’a rejoint. Nous grimpons lentement, pour ma part c’est même très lent, avec de nombreuses pauses. Nous sommes au niveau de Piedras Blancas (6 000 m) et Greg me suggère ou plutôt disons qu’il me somme de renoncer ; mon rythme est trop lent, je ralentis le groupe… Je pensais continuer à mon rythme avec Tamara mais elle a les pieds qui gèlent et elle préfère rentrer au camp. Alors entre un guide qui ne veux plus que je monte et une autre qui veux redescendre je n’ai plus beaucoup de choix… Je reprends le chemin de la descente très déçu, en même temps je sens bien que j’y arrivais plus… De retour à ma tente à Cambio de Pendiente je me repose et pour me consoler je fais une petite balade qui me mène au Cerro Manso (5434 m) tout proche des tentes. Petite balade où je sens bien l’altitude quand même ! Je n’y vais pas en footing ! En fin de journée les autres sont de retour, 3 ont fait le sommet avec Greg, Patrick a eu un problème de crampons et est resté bloqué à quelques dizaines de mètres du sommet… ! Il a les boules et en veux à Greg qui est parti vers le sommet sans l’aider.
Jour 17 : nous levons le camp et redescendons à Plaza de Mulas.
Jour 18 : retour à Puente del Inca où nous logeons dans une auberge, et où nous pouvons prendre notre première douche depuis une dizaine de jours…
Jour 19 : retour à Santiago.
Jour 20 : repos à Santiago.
Jour 21 : visite de Valparaiso.
Jour 22 : vol retour pour Paris.
Bilan : c’était ma 2ème tentative sur un « 6000 » après le Pachermo au Népal, et c’est un autre échec ! Bien sûr j’ai battu mon record d’altitude en atteignant les 6000 m, plus haut que le Kili, mais c’est une grande déception d’avoir échoué. J’en ai longtemps gardé un goût amer, et j’en ai voulu au guide Gregory, ainsi qu’à Tamara, mais avec le recul je pense qu’il a fait le bon choix. Je m’étais dit que je reviendrai prendre ma revanche, mais le temps a passé et ça ne s’est jamais fait. En montagne, comme dans la vie, il y a des succès et des échecs. Ça reste une grande expérience et un magnifique voyage !