Le Kilimanjaro est le sommet de la Tanzanie et le toit de l’Afrique, un des Seven Summits (les sept sommets sont les montagnes les plus élevées de chacun des sept continents). Il est composé de 3 cônes volcaniques dont le plus élevé est le Kibo, son sommet s’appelle le Uhuru Peak. Le voyage est organisé par l’agence Allibert. J’ai choisi de faire cette ascension par la voie Machame, réputée la plus belle par la diversité de ses paysages : forêts, séneçons géants, glaciers… Nous sommes un groupe de 9 personnes.
Nous arrivons par un vol de Paris à Arusha et nous sommes transférés dans un lodge près du Parc National du Kilimanjaro où nous faisons connaissance avec notre guide. Le lendemain nous arrivons à Machame Gate, à l’entrée du Parc National. Nous nous préparons, ainsi que notre équipe de porteurs qui s’occupera des tentes, de la nourriture, de l’eau… Cette première journée nous fait traverser la forêt vierge sur 1200 m de dénivelé ; après 5 h de marche nous sortons de la forêt et arrivons dans une sorte de lande montagneuse où est installé notre premier camp, vers 3020 m.
Le 2ème jour, un peu de temps à marcher entre les bruyères arborescentes sur un sentier assez raide. Au fil du chemin, la savane de hautes herbes, de bruyères à barbes de lichen et de pierres volcaniques laisse place à une autre ambiance : les premiers séneçons géants, une espèce endémique pouvant atteindre une dizaine de mètres de haut, puis un paysage fantomatique de laves volcaniques. Nous sommes à Shira Camp, à 3840 m.
Le 3ème jour poursuite du sentier pour atteindre cette fois le désert d’altitude jusqu’à Lava Tower à 4640 m, puis arrivée au camp de Barranco (3980 m), qui jouit d’un point de vue exceptionnel sur la face sud du Kilimanjaro.
4ème jour on attaque le grand mur du Barranco qu’on surnomme le Breakfast. Un sentier étroit se faufile dans la paroi et permet de négocier les quelques 300 mètres de cette paroi rocheuse. Puis longue traversée horizontale, avec une succession de montées et de descentes sur les flancs sud du Kilimanjaro, sur le Kibo South Circuit, un sentier en balcon qui contourne les pentes sud du Kili, à une altitude de 4200 mètres environ. En bas, les plaines tanzaniennes, au loin, le mont Méru. Nous voici alors au pied des glaciers Heim et Kersten. Finalement, un chemin facile et en descente nous conduit jusqu’à la petite vallée de Karanga où nous installons notre camp pour la nuit.
Le lendemain le sentier remonte une moraine, puis une dernière montée raide nous attend pour atteindre le campement de Barafu Hut situé à 4650 mètres. La fin du parcours offre une vue majestueuse sur le cratère et les aiguilles du Mawenzi (5149 m). Arrivée tôt au camp, dîner chaud et repos maximal car : l’ascension finale est pour cette nuit !
Départ vers minuit, sous un beau ciel étoilé. Il fait très froid. La montée, qui durera environ 8h, est raide, d’abord sur des rochers, puis progressivement sur une grande pente de cailloux et de cendres. La marche est lente, le rythme est imposé par notre guide.
Après 6 heures d’effort, la lueur du jour pointe, je suis presque au bord du cratère, je me retourne pour assister au lever du soleil sur l’Afrique, c’est magnifique ! J’ai été distancé par le reste de l’équipe, reste avec moi un peu devant un jeune couple d’ariégeois et un membre de l’équipe tanzanienne qui me soutient. Il s’appelle Lucky… Ça doit être mon jour de chance ! Je finis par déboucher au niveau du plateau sommital, à Stella Point (5700 m), avec la lumière qui remplit le fond du cratère, inondant de couleurs incroyables les aiguilles du Mawenzi et les glaciers sud : premiers instants magiques ! Sous le coup de l’émotion, due à l’effort et à la joie d’être arrivé là, je craque et fonds en larmes… Pour me soulager du poids de mon sac à dos, l’ariégeois me propose de le donner à Lucky. Je me sens tout léger, je marche 20 mètres, pour m’apercevoir que je suis bien encore sous l’effet de l’altitude ! Encore une bonne heure sur la crête, nous croisons le reste de l’équipe qui redescend, et nous foulons le toit de l’Afrique, Uhuru Peak (5895 m). Quel bonheur, quelle émotion ! Merci Lucky ! Après une vingtaine de minutes, on repart pour une longue descente, jusqu’à Mweka Camp (3100 m), descente interminable… Sur le groupe de 9 personnes, 8 ont réussi le sommet, une femme a dû renoncer pour cause de MAM (mal des montagnes) au niveau du dernier camp.
Le dernier jour sur la montagne, le sentier boueux dans la forêt nous fait redescendre à Mweka Gate, puis transfert au lodge, où on peut prendre notre première douche depuis une semaine… ! Je dois dire un grand merci à l’équipe de porteurs, quand on voit les charges qu’ils portent, chapeau ! Pendant ce trek j’ai bien sympathisé avec Nadine, une grenobloise avec qui j’avais gardé contact, et que je reverrai à l’occasion des marathons de Vienne et Rome.
Enfin, le lendemain, vol retour pour Paris, via Amsterdam.