Comme je l’avais prévu l’année dernière après notre échec à A Maniccia – mais quand même après un beau succès au Monte Cinto – en compagnie de Ricardo, je reviens cette année en juin en Corse pour tenter le dernier point culminant de mon challenge concernant la métropole. C’est l’ami Pascal qui m’accompagne cette fois. Il est sportif, nous avons couru ensemble et participé à des courses, nous nous sommes entrainé en forêt de Fontainebleau, et en plus la Corse va lui servir de préparation pour son futur trek au Pérou !
Cette année c’est en avion que se fait le voyage, c’est quand même plus rapide que la voiture et le ferry. Nous atterrissons à Bastia, récupérons la voiture de location et allons passer la nuit à Corte, dans un superbe appartement loué par l’accueillante Karine.
Le lendemain, après une petite heure de voiture, nous voici garés au bout de la petite route, au-dessus de la bergerie de Puzzatello, où démarre le sentier qui va nous mener au refuge de Petra Piana. L’année dernière nous avions mis 5 h pour l’atteindre, cette année c’est quasiment 6 h ! Hé oui le poids des ans… Le poids tout court même… ! Pascal va s’installer dans le dortoir et moi dans une des tentes que loue le refuge. Il y a beaucoup de monde avec tous les randonneurs du GR20. Le soir le repas est exactement le même que l’année dernière (ratatouille froide, lentilles aux lardons, mousse au chocolat) ! Pendant la nuit le vent se lève et il fait très froid, j’ai beau me couvrir, pantalon, polaire et gore-tex, avec mon petit sac de couchage en polaire j’ai froid et dors très mal. De plus j’ai peur que ça soit la tempête et qu’on ne puisse pas grimper, comme l’année précédente. Finalement au matin Pascal vient me rejoindre à la tente, il fait beau quoique encore assez froid. Nous allons déjeuner et nous nous préparons pour l’ascension. Comme nous avons prévu de redormir au refuge, nous pouvons y laisser des affaires et nous partons le sac léger.







































C’est le jour J ! Il y a un beau soleil, on va avoir chaud. Dès que nous sortons du campement ça monte tout de suite dans un sentier très difficile, très accidenté avec des rochers. Au bout de ¾ h le sentier bascule vers un autre versant. Mais c’est là que nous le quittons pour partir hors-sentier, plein nord en suivant la crête qui délimite les 2 départements. Ça grimpe dur dans la caillasse et une maigre végétation. Au bout de ce raidillon nous sommes à une sorte de col. Je pars pour continuer sur la crête mais ce sont des gros blocs qu’il faut franchir en s’aidant des mains. Pascal préfère descendre un peu de l’autre côté du col et contourner la crête sur le versant est. Je le laisse faire, il sera plus à l’aise. Je pars sur la crête et j’avance tant bien que mal dans les rochers, tandis que je vois Pascal plus bas évoluant dans un champ de caillasse. Je suis proche de l’antécime, premier objectif de l’ascension, et lui signale qu’il s’éloigne et lui demande de me rejoindre. Je continue à grimper et atteins l’antécime Sud de A Maniccia (2425 m) qui est le point culminant de la Corse-du-Sud, symbolisé par un gros cairn. Ça y est, après 23 ans d’efforts et de persévérance, je viens de boucler mon challenge SDF, concernant les 96 points culminants de France métropolitaine ! Je suis satisfait certes, fier même ! Mais je ne réalise pas vraiment. J’aurais pu laisser exploser ma joie ou verser une petite larme, mais non, je reste serein. Ma joie est intérieure, je savoure…
Je vérifie quand même que je suis au bon endroit sur mon appli. D’ailleurs cette altitude de 2425 m n’est pas indiquée sur les nouvelles cartes IGN mais on la retrouve sur d’anciennes cartes. Je mets le t-shirt que j’ai amené pour l’occasion, Pascal me rejoins, il me prend en photo et nous faisons des selfies.
Direction ensuite le sommet même de la montagne, que l’on voit pas très loin, et avec une pente nettement moins raide. En un bon ¼ h nous sommes au sommet de A Maniccia (2496 m), qui se trouve en Haute-Corse. 3 heures que nous sommes partis du refuge. Re-photos, congratulations, pique-nique. Nous pouvons voir le Monte Rotondo de l’autre côté d’un cirque, nous l’avions envisagé mais ça nous parait trop long et difficile. Le but maintenant est de redescendre tranquillement et sans nous blesser. Nous suivons la combe qu’a pris Pascal à l’aller, une véritable mer de caillasse et de pierraille. Certes la descente est plus facile mais je suis très prudent, je ne voudrais pas me faire une entorse. Nous rejoignons le petit col et la crête qui nous ramène au sentier du GR20, où l’on retrouve les randonneurs, qui vont soit vers le Nord ou vers le Sud. Pendant notre ascension, dès que nous sommes sortis du sentier nous n’avons plus croisé personne. Puis c’est la descente vers le refuge. Je trouve quand même le moyen de chuter 2 fois dans cette descente ! Bon c’est sans gravité et en plus une charmante randonneuse m’aide à me relever… Mais on le dit toujours : en montagne 80% des accidents arrivent à la descente.
Arrivés au refuge, nous allons boire le pot de l’amitié pour fêter cette journée réussie. Le soir devinez ce qu’on mange, c’est toujours le même repas ! Pour la nuit j’ai obtenu le changement de la tente vers le dortoir. Je vais me coucher tôt et je passe une bonne partie de la nuit à dormir comme une marmotte et ronfler comme un cochon. Pascal me racontera que le groupe de polonais présent dans le dortoir a bien failli me lyncher ! J’aurais dû rester sous la tente…
Redescente du refuge vers la voiture en un peu plus de 5 h, petit restau sur la route et nous rejoignons notre nouveau logement, une superbe petite maison au milieu des vignes, près du bord de mer. Émilie nous indique une plage où l’on accède par une piste en terre. Un superbe endroit, une plage quasi déserte rien que pour nous. Nous allons nous baigner, l’eau est bonne et nous rafraichit après nos 3 jours de rando ! Le soir nous allons manger une pizza sur la place du village à Aléria. Mais notre expédition en Corse n’est pas finie, prochain objectif le Monte Renoso.
Comme dit Pascal : quelle aventure !










































