Avec mon compagnon de cordée Delphin, nous avons en projet de gravir le célèbre Cervin (4478 m), montagne emblématique de la Suisse, et nous avons fait appel à Jean-Marc, un guide chevronné également secouriste. Il nous a concocté un programme de préparation qui commence par une belle course d’alpinisme rocheux : l’Aiguille d’Entrèves (3600 m), une course d’arête très aérienne de niveau F à AD. La traversée de l’Aiguille d’Entrèves peut se réaliser dans les deux sens. Nous allons la faire dans le sens SO-NE. Elle ne comporte pas de passage difficile, quoique…
De Chamonix où nous avons retrouvé Jean-Marc, nous traversons le tunnel du Mont-Blanc pour passer du côté italien et nous laissons la voiture au parking du téléphérique qui va nous emmener à la pointe Helbronner où se trouve le refuge Torino. Du refuge, après nous être équipés et encordés, nous allons en direction du col des Flambeaux. De là, nous descendons vers l’Ouest et passons au pied de la face Nord de l’Aiguille de Toule. Nous continuons un peu en direction de la Tour Ronde, puis remontons par du terrain mixte facile jusqu’au col d’Entrèves et gagnons le pied de l’aiguille, où commence la partie rocheuse. Le temps est plutôt couvert. Nous prenons pied sur l’arête, très facile au début, en passant tantôt côté E, tantôt côté W. Juste après une désescalade dans une petite brèche nous remontons de l’autre côté par un petit pas de III (situé entre 2 lames, on est dans une large cheminée). La suite est plus aérienne : on reste sur le fil de l’arête sur 20-30 m avec un pas de désescalade protégé avec 2 spits. Ensuite, 5 m plus loin, un pas de IV+ où je coince, je dois jeter toutes mes forces pour passer…. Delphin lui est passé sans trop de problème. Relais 15 m plus loin, au niveau du sommet, où nous faisons une pause. Le temps s’est découvert, il fait beau, et la vue est magnifique. La Dent du Géant est toute proche, nous surplombons le Glacier du Géant, que j’avais descendu en ski quelques années auparavant, et admirons un panorama sublime ! Du sommet, nous redescendons par un système de fissures peu inclinées. Puis on termine par du terrain mixte facile, et on rejoint la pente de neige par quelques rochers délités face à l’Aiguille de Toule (bout de l’arête). Un dernier rappel permet de descendre facilement cette dernière partie. On rejoint la trace de montée en descendant NE (pente à 35-40°) vers le pied de l’Aiguille de Toule. Ensuite nous reprenons la trace qui nous ramène au refuge Torino.
Le soir nous faisons le point avec Jean-Marc, il pense que pour le Cervin nous ne sommes pas assez forts techniquement et risquons d’être trop lents… Il avait prévu aussi de nous emmener à la Dent du Géant, mais la météo est incertaine. Nous allons passer la nuit au refuge et demain nous partons dans le Valais nous rabattre sur quelques 4000, près du Cervin qui va nous narguer…